le Plan Territorial de lutte contre le Réchauffement Climatique (PTRC) est venu développer un instrument de planification, et de mise en oeuvre de la gouvernante environnementale. Il s'inscrit dans la déclinaison territoriale des politiques et stratégies nationales portant sur le changement climatique et le développement durable, et traduit la volonté des parties prenantes, à contribuer aux ambitions affichées par les Contributions déterminées au niveau national (NDC) et à atteindre le 13ème objectif de développement durable (ODD) à l'échelle de son territoire.

La méthodologie suivie est conforme aux normes reconnues par le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) pour le calcul analytique des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). L'étude de la vulnérabilité et de la sensibilité du territoire s'est inspirée du 4ème rapport du GIEC, et a décomposé le territoire en unités d'exposition homogènes (le littoral, la plaine de Souss Massa, le Haut Atlas occidental, l'Ami Atlas et la zone présaharienne).

La Situation Territoriale de la lutte contre le réchauffement climatique (STRC) a évalué les émissions anthropiques nettes des GES de la région Sous Massa (SM) pour l'année 2013 à 4146,5 Gg eqCO2 en CO2, CH4 et N20, soit 1,5 T Eq. CO2 par habitant. La vulnérabilité de la région de SM face au changement climatique est assez prononcée; l'ensemble des unités territoriales précitées manifestent des niveaux d'exposition élevé à très élevé. Cette vulnérabilité se traduit par des impacts concrets, dont certains ont déjà pris place, et qui touchent l'ensemble des secteurs ayant fait l'objet de l'analyse, notamment les ressources en eau et l'activité agricole.

Ainsi, et pour réduire de manière efficace et efficiente les risques générés par le changement climatique au niveau territorial, des actions d'atténuation et d'adaptation ont été formulées et hiérarchisées dans le cadre d'ateliers thématiques.

En termes d'atténuation, les projets proposés ambitionnent une réduction en émissions de GES du territoire de l'ordre de 75%, soit 3.100 Gg Eq CO2 à l'horizon de 2030. La résilience du territoire est prévue être renforcée, au niveau des secteurs vulnérables, en protégeant 60% environ de la population régionale des risques d'inondations.

Sur le plan financier, le PTRC propose un portefeuille de programmes et projets prioritaires avec un coût global qui s'élève à 31,6 Milliards de Dhs, incluant les deux composantes (atténuation et adaptation).

Sur le plan institutionnel, un cadre de mise en oeuvre du PTRC a été formalisée. Il s'agit du comité climat qui est chargé du suivi des projets engagés dans le cadre des stratégies publiques sectorielles. Le comité veillera aussi à l'instauration des outils d'accompagnement notamment le renforcement des capacités, la promotion des expériences pilotes, le développement des synergies et la mobilisation des partenariats autour du PTRC-SM. Pour assurer la tâche de suivi et évaluation, ledit comité s'appuiera sur le SIREDD, doté d'un module de changement climatique (CC), et le système régional pilote de Mesure Notification et Vérification (MRV), en cours de montage.

L'état d'avancement après une année d'opérationnalisation du PTRC SM, est de 10,1%. Des efforts sont évidement, encore à mener en matière de mobilisation de fonds.

Context


Le contexte de mise en œuvre du PTRC SM est multiple. Il constitue dans un premier lieu, un cadre favorable pour l'intégration de la question climatique, dans le modèle de gouvernance de proximité adopté par la régionalisation avancée dans la nouvelle constitution.

ll est aussi, un relais pour décliner les objectifs intersectoriels et transverses de la Politique du changement climatique au Maroc (PCCM), en vue d'atteindre les ambitions affichées par le Maroc dans ses Contributions déterminées au niveau national (NDC). Ces dernières, prévoient en effet la réduction de 42% de GES par rapport aux émissions projetées pour l'année 2013 selon un scénario « cours normal des affaires » avec un besoin en investissement dépassant 35 milliards pour minimiser les risques climatiques.Ces objectifs ne peuvent être atteints sans une planification territoriale cohérente, sobre en carbone, favorable â la transition énergétique et résilience.

Sur le plan réglementaire, la loi cadre N599-12 portant charte nationale de l'Environnement et du Développement Durable (CNEDD), compose avec le principe de la territorialité et positionne la mise en œuvre de plans territoriaux dc lutte contre le réchauffement climatique parmi ses axes stratégiques.

La SNDD instrument opérationnel du ladite loi cadre, compte d'ailleurs sur les PTRC pour chiffrer les besoins techniques, humains et financiers nécessaires aux territoires pour réussir la transition vers une économie verte, et préserver les ressources naturelles dans un contexte de réchauffement climatique. Une vision largement partagée lors du processus de formulation de l'Agenda 2030 adoptée dans l'accord de Paris. Celle-ci a inclus le territoire au cœur des outils prospectifs de mise en œuvre l'ODD n°13, visant à renforcer l'action climatique.

Rappelons également que la Région de SM vient d'actualiser sa Stratégie de Développement Régionale. Dans ce cadre, la question climatique a demeuré un élément central, pour impulser le développement du territoire autour d'un programme intégré et durable.

Des synergies avec certains projets du PTRC SM ont été d'ailleurs, inventoriées, et considérées incontournables pour promouvoir l'économie régionale et renforcer son attractivité en investissement.

Le processus de montage du PTRC SM s'est basé, fondamentalement sur la concertation institutionnelle intersectorielle, et la participation citoyenne. Il a traduit à cet effet, la volonté des parties prenantes de considérer les enjeux planétaires climatiques, dans leur planification territoriale, en misant sur la promotion du principe de la cohérence et de la transversalité dans l'action.

A retenir que le programme « ProGec » a particulièrement appuyé la Région dans ce processus innovant et a capitalisé sur la mise en œuvre d'une vision de gouvernante environnementale efficiente.

Méthodologie de construction


Le PTRC SM s’inscrit dans une logique de développement territorial qui intègre les questions de lutte contre le RC au sein d'une approche holistique. Une démarche méthodologique à plusieurs paliers a conditionné sa mise en œuvre. Il a fallu ainsi identifier les spécificités techniques des mécanismes d'atténuation et d'adaptation et analyser en profondeur les politiques publiques nationales y afférentes.

Un processus structuré a pu par la suite être déclenché grâce aux ateliers thématiques, vers une planification territoriale intégrée de lutte contre le RC. Considéré comme dossier stratégique, le PTRC SM s'est doté, d'un comité de pilotage (COPIL) pour organiser, mutualiser et simplifier le phasage des études spécifiques engagées (composantes : atténuation et adaptation) notamment pour la collecte des données de base, la coordination des entrevues et entretiens avec les sectoriels.

Deux phases ont été arrêtées lors du montage du PTRC SM :

Phase 1 : Situation Territoriale de lutte contre le Réchauffement Climatique a visé essentiellement l'élaboration d'un inventaire des émissions de GES du territoire (pour le volet atténuation) et l'analyse de la sensibilité et de la vulnérabilité (pour le volet adaptation). L’inventaire des GES du territoire, s'est inspiré fondamentalement du Système National d'Inventaire de GES (SNI-GES), et des lignes directrices du GIEC publiées en 2006 pour les calculs analytiques des émissions. Le cadre conceptuel retenu pour l'analyse de la vulnérabilité s'est conformé au 4ème rapport du GIEC, en découpant la Région en unités territoriales présentant une sensibilité et un degré d'exposition aux stimuli climatiques homogènes. Les unités territoriales, prédéfinies, ont conditionné par la suite, tout le processus du montage du PTRC (voler adaptation) et ont visiblement appuyée l'analyse approfondie proposée.

Le choix des secteurs prioritaires (émetteurs de GES pour le volet atténuation et vulnérables pour le volet adaptation), a été arrêté en concertation avec les acteurs de la Région lors des ateliers thématiques. Ces derniers ont été d'ailleurs, une occasion pour promouvoir les bonnes pratiques et les acquis du territoire (en termes de sobriété en carbone et de résilience). Des actions jugées à capitaliser, communiquer et répliquer.

Phase 2 : Plans d'adaptation et d'atténuation prioritaires :
A la fin de la phase 1 (STRC), il a été possible de concevoir des plans d'action d'atténuation et d'adaptation prioritaires de la Région de SM. Ces derniers ont été conçus selon un cheminement logique orienté « mode projet » avec un objectif stratégique et des résultats à atteindre. Deux types de résultats ont été arrêtés :

Résultats transverses : concernent les thématiques intersectorielles, la gouvernante du PTRC, le développement des connaissances climatiques et de mise en œuvre du Système Régional d’Inventaire des Emissions de Gaz à Effet de Serre (SRI-GES), la prise en compte du genre, le renforcement des capacités, ou la communication.

Résultats sectoriels : comportant des projets structurants d'atténuation de GES, et d'Adaptation au Changement Climatique (ACC), des projets pilotes d'accompagnement et d'incitation aux sectoriels pour s'inscrire dans la dynamique cohérente Il y'a lieu de signaler que la conceptualisation a pris en considération.

La flexibilité dans la réflexion : en permettant aux secteurs d'alimenter régulièrement le processus par des mesures d'atténuation en émissions de GES ou d'ACC, sans compromettre la cohérence globale.

La vision itérative : où peuvent émerger des nouvelles priorités dans les secteurs émetteurs de GES ou vulnérables. Les nouvelles priorités peuvent facilement être agrégées dans le processus.